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Accepteriez-vous de me rencontrer M. Carmant?

Journal de Montréal – 2 mai 2022 – Florence K – Les ressources communautaires, les lignes d’écoute et les centres de crise font un travail titanesque pour apaiser les crises en santé mentale. Ceux et celles qui y travaillent sont remarquables. Ils aident à prévenir le pire lorsqu’il est près de se produire, à calmer la tempête, à désamorcer la tourmente qui, lors d’une dépression majeure, d’une psychose, d’un moment de panique extrême, de désespoir, de manie, s’en prend au fonctionnement tout entier de notre être. 

La crise, c’est quand notre tête et notre cœur sont aspirés par un cyclone qui nous fait perdre pied, qui nous entraîne là où l’avenir n’existe pas, où le passé et l’irréel se disputent dans le chaos de notre esprit.

Avec une intervention d’urgence, la crise peut lâcher sa proie quelque temps. Mais si rien n’est fait pour en trouver l’origine, pour aller à la source, pour éplucher l’oignon couche par couche jusqu’à ce qu’on en atteigne le cœur, la crise risque de nous emporter à nouveau dans son ouragan cauchemardesque où nos pensées deviennent les synonymes de l’enfer.

Les cas cliniques nécessitent une équipe interdisciplinaire au sein de laquelle on trouve aussi un(e) psychologue, formé(e) pour comprendre les dynamiques relationnelles et voir au-delà des symptômes.

Exode des psychologues

Les intervenant(e)s de crise et du milieu communautaire seront les premiers à vous le dire: il manque gravement de psychologues dans le réseau public et ils ont besoin du travail de ces derniers pour désengorger leurs lignes. 

La santé mentale, c’est bio-psycho-social. Les trois aspects doivent être pris en charge dans une perspective de rétablissement et de maintien d’un niveau de bien-être adéquat à long terme. 

Or, les conditions inadéquates offertes aux psychologues du réseau public encouragent littéralement ceux-ci à se tourner vers une pratique privée. Ça se comprend, après avoir passé 7 à 9 ans sur les bancs d’université, en stages et en recherche, la plupart n’entament leur carrière qu’au début de la trentaine. Il y a dévalorisation de leur profession au sein du réseau public. 

Ce que le ministère délégué à la Santé et aux Services sociaux ne semble pas prendre en considération est que l’exode des psychologues affecte grandement les chances de rétablissement à long terme de ceux et celles qui souffrent, ce qui augmente considérablement le phénomène des portes tournantes. 

Une simple question

Alors, je termine ce texte en posant ci-bas une question toute simple à notre ministre délégué à la Santé et aux Services sociaux, Lionel Carmant, en espérant qu’il la lise et qu’il accepte ma requête. 

Monsieur Carmant, j’ai moi-même été une patiente en psychiatrie dans le réseau public, je vis avec un trouble bipolaire et j’ai connu le phénomène des portes tournantes. Je suis aujourd’hui bénévole dans le milieu communautaire et j’entamerai en septembre mon doctorat en psychologie avec l’intention de pratiquer dans le réseau public. Ces expériences m’ont apporté une perspective multidimensionnelle de la problématique. 

Monsieur Carmant, j’ose vous demander en toute bonne foi si vous accepteriez de me rencontrer afin que l’on discute ensemble des impacts de la pénurie de psychologues dans le réseau public de la santé?

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