CDDM

Chambre d'isolement

Faut-il passer par les tribunaux pour avoir des soins?

3 décembre 2022 – Le Devoir – Clara Lessard-Deschênes, Marie-Hélène Goulet et Pierre Pariseau-Legault –

La première est étudiante au doctorat à la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal ; la seconde est professeure adjointe à cette même faculté ; le troisième est professeur au Département des sciences infirmières de l’Université du Québec en Outaouais. Ils cosignent cette lettre avec 11 autres experts.*

L’actualité des derniers jours a brossé un portrait plutôt sombre de la psychiatrie au Québec. On y présente la pénurie de médecins psychiatres, la lenteur des tribunaux chargés d’entendre les causes portant sur les traitements involontaires, ainsi que le manque de lits comme étant les principaux enjeux auxquels font face les services de santé mentale. Sans nier ces problèmes, force est de constater qu’encore une fois, la psychiatrie est représentée sous le prisme biomédical, où le traitement institutionnel (hospitalier et juridique) est privilégié aux solutions collectives et communautaires.

En plus de faire abstraction de l’apport essentiel des différents professionnels de la santé (infirmières, psychologues, travailleurs sociaux, ergothérapeutes, pairs aidants, pour ne nommer qu’eux), cette perspective contribue à perpétuer la représentation des personnes vivant avec des problèmes de santé mentale comme étant dangereuses et à renforcer l’acceptation sociétale de la coercition (isolement, contention, garde en établissement, autorisation judiciaire de soins) comme traitement. Dans ce contexte, il y a lieu de se questionner sur la surutilisation des tribunaux pour pallier les difficultés d’accès à des services de santé mentale qui correspondent aux besoins des personnes.

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